J'y arrive, les 3000 km sans route de Mongolie. Un an que je me prépare avec pas moins de 29 000km sur les pistes Australiennes avec le tour d'Australie, puis la traversée par le désert d'Ouest en Est. C'est mon terrain de jeu, mon dada comme on dit, là que je m'exprime sur la moto, là que je transpire..
Au bout de quelques centaine de kilomètres, ça se corse, le principe de rouler en Mongolie ?
Il y a des traces, entre 10 et 15 sur 10 km de largeur. Le principe était de prendre la moins défoncée, la moins pratiquée donc. C'est un mélange de sable, graviers, roches et rochers, avec beaucoup de pièges et de trous... Et souvent un bon effet de tôle ondulée...
Les 150 premiers km se passent bien, j'ai un bon rythme, j'évite les roches et les trous avec glissades et accélérations, la moto réagit bien malgré le poids. Le petit moteur de 650 cm3 est parfait, je peux remettre les gaz pour me rattraper sans que la roue arrière ne dérape trop.
Près de l'endroit indiqué par le motard Belge, je bifurque vers le Sud. Un peu trop tôt... Je me perds plus ou moins dans les collines. Après 150km de détour je remonte un peu vers le Nord et retrouve la piste. C'est le désert, un désert de gravier et de roche, sec, venteux. Il me semble que j'avance vers le mauvais temps, il y a un énorme nuage à l'horizon...
La piste commence réellement à se corser, c'est très technique, des hauts, des bas, des roches et du gravier, qui se mélangent au fur et à mesure à des trous de sables fins. J'approche du nuage...
Je n'approche pas du nuage, c'est lui qui arrive sur moi, il part du sol et monte au ciel, il fait comme un mur devant moi. J'avance...
J'entre dans le nuage...
Des vents impressionnants me déséquilibres, à chaque bosse l'arrière de la moto décolle et se déporte vers la droite, le terrain devient très difficile. Je n'y vois plus à 15 mètres, c'est une tempête de sable...
Je ne peux pas m'arrêter, le sable rentre partout, je ne peux pas enlever mon casque. Alors je continue, je n'y vois rien, des monticules de sables se formes, et se mélanges au trous et dénivelé de la piste.
Arpès 50 kilomètres, j'arrive près de la rivière dont le Belge m'avait parlé. Le vent se calme et en quelques secondes le nuage s'en va :
Je pose ma tente dans un mélange de vent, pluie et sable.
La nuit est difficile, le sable est tellement fin qu'il s'infiltre partout, passe sous la tente et rentre par les moustiquaires. Je suis obligé pendant la nuit de boucher les moustiquaires et de dormir avec mon cache col de moto sur le nez.
Je me débarbouille un peu, puis c'est reparti !